Depuis quelques mois, les plaintes des salariés exposés aux éthers de glycol se multiplient contre leurs employeurs. Malformation de nouveaux-nés, stérilité, cancer... les nuisances graves de ces solvants ne touchent pas seulement les professionnels exposés mais également le grand public. Peintures, lave-vitres, dégraissants, cosmétiques, une infinité de produits courants en contiennent.
Les plaintes en justice se multiplient contre des entreprises qui ont exposé leurs employés à des substances cancérigènes et mutagènes : les éthers de glycols (EG). Stérilité des hommes, cancers, et malformations graves de nouveaux-nés, l’Association des victimes des éthers de glycol (AVEG) a répertorié quatre-vingt cas de victimes exposées à ces produits dans le cadre de leur activité professionnelle. Mais ces substances sont tellement répandues dans les produits d’usage courant que l’on peut désormais craindre l’apparition d’un véritable problème de santé publique.
Les éthers de glycol sont partout
Les éthers de glycol constituent une famille de solvants comportant un peu plus de quatre-vingts dérivés dont une trentaine ont donné lieu à une exploitation industrielle. On les retrouve dans tout produit dit « à l’eau » car leurs propriétés physico-chimiques favorisent la solubilisation de produits organiques dans l’eau. Sur les 40 000 tonnes d’éthers de glycol consommées chaque année en France (plus de 400 000 tonnes en Europe), la moitié se retrouve dans des produits d’usage courant. Peintures et vernis, encres, cosmétiques (colorations, dissolvants), dégraissants, lave-vitres, détergents, décapants (four), dégraissants, produits moquettes, cires, colles ou révélateurs photo... la liste des produits courants contenant ces éthers de glycol est longue. Sur les étiquettes, ils sont désignés par des séries de lettres en majuscule que le consommateur comprend rarement (pour les repérer, sachez que ces acronymes comportent presque toujours les lettres E et G).
Plus d’un million de personnes exposées
On estime qu’à l’échelon national, plus d’un million de personnes sont exposées à ces poisons. Les éthers de glycol passent dans l’organisme par voie respiratoire, mais aussi par voie cutanée. Les experts estiment que la rétention des EG au niveau du système respiratoire est très élevée et que 50% à 80 % de la proportion inhalée se retrouve concentrée au niveau des poumons.
Expérimentés sur les animaux, ils ont produit, chez les mâles, une atrophie des testicules et une altération de la qualité du sperme allant jusqu’à l’infertilité. Chez les femelles, on constate une perte de poids, avec une diminution des portées et de nombreuses malformations chez les fœtus.
Des études récentes ont montré qu’en plus des éthers de glycol eux-mêmes, les métabolites issus de ces produits ont, dans notre organisme, des effets comparables.
Une persistance des effets sur 9 ans
Les autorités sanitaires elles-mêmes prennent aujourd’hui le problème très au sérieux. Plusieurs produits (peintures, cosmétiques, lave-vitres), contenant des éthers de glycol du groupe 1, le plus toxique, ont déjà été retirés du marché. Pour une peinture contenant 0,9 % de méthyl-glycol et étalée sur un plafond de 16 m2, la dose absorbée lors de la pose peut être estimée à 6,7 mg/kg, or la dose limite de référence est de 2,7 mg/kg selon les produits.
Une récente étude de l’Inserm (réalisée sur les employés de la Mairie de Paris et de la RATP), montre par ailleurs une persistance des EG dans l’organisme longtemps après l’exposition. L’atteinte de la qualité du sperme peut encore être constatée 9 ans après que l’exposition ait cessé.
Ventiler et éviter tout contact
Pour se protéger des effets délétères des EG, il n’existe aucune solution à part la prévention, et encore... L’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) recommande, lors de la manipulation, d’éviter tout contact avec la peau et de se tenir dans un endroit très aéré (pas facile quand on peint son appartement !). Même les gants de protection sont inutiles car les EG passent à travers le latex, le néoprène, le nitril, ou le polyéthylène. Seul le caoutchouc parvient à bloquer ces substances, mais seulement pour une durée de huit heures...
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