Christian Trédaniel s’est éteint le 13 novembre 2011, des suites d’un cancer de la prostate, qui s’était déclaré en 2002, et contre lequel il a longtemps lutté, d’abord avec succès. Il avait 77 ans.
Il est principalement connu pour avoir «inventé l’étiopathie», une médecine naturelle, également dénommée «chirurgie non-instrumentale», pour avoir élaboré un corps de doctrines complet, formé plusieurs milliers d’élèves, et soigné, directement ou indirectement (sans un seul accident ! ), plusieurs centaines de milliers de malades.
Il serait plus exact de dire ré-inventer. Car l’étiopathie plonge ses racines au premier jour de la médecine et même, sans doute, de l’histoire de l’humanité.
On peut faire en effet l’hypothèse que l’homme a toujours eu des motifs de blessures et de souffrances.
Instinctivement, il porte la main là où ça lui fait mal. Il se frotte et se il masse.
L’homme est à lui-même son premier thérapeute. Rapidement, il fait confiance à un tiers, à la fois plus habile, plus savant et plus adroit. Appelons-le «rebouteux».
L’intelligence exceptionnelle de Christian, doublée d’une connaissance parfaite de l’anatomie, et d’une intuition géniale, l’amène à une conclusion : il faut trouver et guérir la cause pour faire disparaitre durablement les symptômes.
Le raisonnement s’applique aussi bien aux différentes parties du squelette qu’à tous les autres organes. C’est pourquoi l’étiopathie soigne (et souvent guéri) les maladies de la sphère O.R.L., de l’appareil respiratoire, du coeur et de la circulation, des systèmes génital et urinaire comme du domaine de la gastro-entérologie. Et toujours par manipulation, sans médicament.
A la fin de sa vie, il réfléchissait à l’application possible de l’étiopatie aux maladies du système nerveux. Ses nombreux élèves et disciples savent donc comment continuer son oeuvre.
Comme tous les génies, sa découverte s’inscrit dans la tradition, pour bouleverser l’ordre existant. Représenté en l'occurrence par un Ordre, qui n’est pas réputé par son ouverture d’esprit à l’égard des disciplines nouvelles...
Il lui a donc fallu combattre toute sa vie contre cet Ordre et tous ceux qui voulaient l'empêcher de soigner, d’enseigner, de former et de découvrir.
C’est là où le tempérament et la formation de Christian ont sans doute joué un grand rôle.
Encore jeune, il fit ses premières classes au contact des corps d’élite de l’armée française, celle qui se battait en Indochine et qui allait ensuite le faire en Algérie.
C’est d’ailleurs à l’occasion d’un saut en parachute achevé par une mauvaise réception (c’était avant les parachutes «directionnels»...), que Christian expérimenta à la fois la souffrance, due à une névralgie sciatique, et l’incapacité de la médecine classique à le soigner.
Son courage et sa volonté étaient surprenants.
Redécouvrant la bicyclette à 50 ans passés, il se lance immédiatement dans des randonnées solitaires de plusieurs milliers de kilomètres. Et quand il achète un bateau, c’est pour manoeuvrer souvent seul une embarcation de près de 15 mètres de long...
Sa détermination était sans faille. Nul ne l’a jamais vu dévier de son chemin.
«J’ai perdu un camarade»
Quand on l’a enterré, le vendredi 18 novembre, à Pont-sur-Yonne, plusieurs centaines d’étiopathes, qui avaient pour la circonstance fermé leurs cabinets, émus et reconnaissants, étaient présents.
Il y avait aussi, avec sa famille (dont son frère cadet, l’éditeur indépendant Guy Trédaniel), une escouade d’amis de plus longue date, qui - conformément à la dernière volonté de Christian - emmenée par son fils Eric, entonnèrent au cimetière ce chant bien connu des troupes d’assaut, de France et d’Europe, «J’ai perdu un camarade».
Du premier jour jusqu’au dernier, Christian a été un homme libre et droit. Un héros et un créateur. Qui laisse une oeuvre importante, aussi bien au plan scientifique que pratique.
Son exemple démontre, s’il en était besoin, que quelques individus (il est vrai hors du commun) font davantage pour le progrès de l’humanité que des foules même immenses, aux vociférations stériles...
Alain Dumait
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