Il est question de plus de 500 morts, de 1 750 interventions chirurgicales, de 3 500 hospitalisations… C’est un énorme scandale de santé publique mais, curieusement, l’affaire du Médiator ne fait pas vraiment scandale. Au fil des jours, la liste des effets secondaires graves de cet antidiabétique s’allonge, tandis que l’on découvre au grand jour le laxisme des autorités sanitaires et que la cécité volontaire du laboratoire fabricant (Servier, le numéro 2 en France) se confirme. Mais l’indignation ne monte pas.
Près de 5 millions de personnes ont pourtant été soignées avec ce médicament, 300 000 malades étaient encore sous traitement quand il a été retiré du marché en novembre 2009 et que l’on a reconnu enfin que ce médicament également utilisé comme coupe-faim détruisait les valves du cœur. L’indignation ne monte pas et rien n’est remis en cause. Tout juste nous promet-on de sortir un rapport en janvier prochain.
À l’égard de l’industrie pharmaceutique, il est de bon ton de ne pas hausser la voix. Il est malvenu d’avoir des réactions brutales… Ainsi, l’AFSSAPS aura mis douze ans à partir des premières communications scientifiques alarmantes sur le Médiator pour réagir et demander, bien après les autres pays européens, le retrait du médicament en accord avec le laboratoire !
D’aucuns seront tentés de mettre sur le dos d’une certaine inertie administrative ce manque de réaction. Mais c’est oublier que, dans un autre contexte, les mêmes autorités sont promptes à prendre leur habit de gendarme et leur sifflet. C’est ainsi qu’un jour les projecteurs se sont braqués sur l’éphédra, un petit arbuste originaire d’Asie centrale dont la popularité commençait tout juste à aborder nos côtes quand il a été, du jour au lendemain, enfermé dans le rôle de dangereux stimulant et interdit de « prescription, de délivrance et d’administration ».
La France, en première ligne sur ce dossier, n’hésitant pas à faire fi d’une tradition médicale de plus de 5 000 ans, notamment en Chine mais aussi en Inde où cette plante est utilisée pour soigner les infections respiratoires et l’asthme. Il aura suffi d’une ou deux voix montrant que l’éphédra, ou plutôt un de ses composés, l’éphédrine, pouvait avoir un impact sur l’hypertension, pour qu’elle soit purement et simplement rayée de la liste des plantes autorisées. En dépit de la tradition médicale, en dépit de la mauvaise utilisation manifeste dont elle avait fait l’objet, on l’a fait basculer dans la catégorie des poisons.
On se souvient de la violence de l’attaque qui a permis de dénoncer par la même occasion les dangers de l’ensemble des « herbes médicinales ». Encore aujourd’hui, puisqu’il est toujours d’actualité de dénoncer la dangerosité des plantes médicinales, on rappelle à tout propos l’épisode de l’éphédra, devenue en quelque sorte le symbole du mal par les plantes !
Deux poids, deux mesures, dit l’adage… Dans les médecines naturelles, on est habitué à ce traitement inégal, mais après le Distilbène, les hormones de croissance, le traitement substitutif hormonal, le Vioxx et maintenant le Médiator, la balance commence à pencher de notre côté.?
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