L’année qui commence sera-t-elle une charnière dans notre approche de la politique de santé. Beaucoup en doutent, mais un projet de loi passé quasiment inaperçu pourrait modifier la donne. Ce projet de loi sur les « lanceurs d’alerte » vise à défendre toutes les personnes qui, scientifiques ou simples citoyens, avertissent courageusement les autorités sanitaires ou le grand public d’un danger ou d’un risque pour la santé lié à un médicament ou à tout autre produit. Ce projet part du principe que l’État doit garantir la sécurité des chercheurs éclairés qui choisissent de dénoncer ce type de risque contre les malveillances de ceux dont ils dénoncent les agissements ou contre l’incompétence de ceux qui jugent leurs propos.
En matière de santé et de médicaments, depuis quelques mois, les alertes se multiplient. Elles révèlent la nécessité d’une réforme complète du système. Nombre de médecins qui autrefois craignaient de se voir reprocher de divulguer les effets de tel ou tel médicament, acceptent aujourd’hui de parler et de devenir eux-mêmes des lanceurs d’alerte.
La loi en cours d’adoption sera-t-elle suffisante ? Elle propose la création d’une commission nationale désignée pour vérifier le bien-fondé des alertes. Cette haute autorité sera-t-elle fiable ? Si elle est composée de personnes qui sont à la solde de l’industrie du médicament, ce ne sera qu’une énième manière de noyer le poisson. Il faudrait des gens indépendants, ouverts, prudents, inspirés, observateurs attentifs, sans a priori… Un profil difficile à trouver dans le monde de la santé.
Pour aller plus loin, on pourrait imaginer que la pharmacovigilance soit aussi repensée en ce sens. Car combien de maladies iatrogènes ne seront jamais signalées tout simplement en raison du déni même du prescripteur ; ce dernier refusant d’assumer la responsabilité d’avoir proposé un produit dangereux « sans le savoir ». Il faudra donc aussi étendre la loi à la protection de celui qui a fait part des problèmes engendrés par ses propres prescriptions.
Mais allons plus loin. Chacun doit prendre part au mouvement d’alerte, l’amplifier, s’en faire l’écho, rompre le silence car il faut réveiller ceux qui dorment et qui, aveuglément confiants dans une pharmacologie ou une agro‑alimentation toute chimique, continuent de s’empoisonner.
Bien sûr, cette vigilance de tous les instants doit s’appliquer aussi aux traitements naturels, car tout dans la nature n’est pas non plus sans risque. Il y a tout ce que l’on ignore. Il y a aussi dans le domaine des compléments alimentaires des abus, des fraudes, des tromperies et des produits potentiellement dangereux, ne serait-ce que parce que ce sont des produits de synthèse. Pour que le lanceur d’alerte conserve sa crédibilité, il doit donc élargir son champ d’investigation à tout.
Que la loi soit adoptée ou non, vous pourrez quoi qu’il arrive compter sur nous pour exercer cette vigilance dans tous les domaines de la santé comme nous le faisons déjà depuis quinze ans.
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