Partout dans le monde, la proportion d’accouchements par césarienne croît de façon exponentielle. Dans certains pays déjà, plus d’un enfant sur deux est mis au monde de cette manière. Cette médicalisation de l’accouchement n’est pas sans danger pour la santé future du nourrisson dont la flore intestinale sera durablement déséquilibrée et qui aura plus de mal à résister aux bactéries pathogènes.
La lecture des chiffres rassemblés par le Dr Michel Odent dans « Césariennes : questions, effets et enjeux » est édifiante. En Chine, 50 % des enfants sont mis au monde par césarienne. Au Brésil, principalement dans les grandes villes et dans les hôpitaux privés, le chiffre atteindrait 80 %. En Europe, le pourcentage ne cesse d’augmenter pour atteindre aujourd’hui environ 20 %. Et ce ne sont pas des raisons médicales qui amènent à proposer de manière quasi systématique ce type d’accouchement aux futures mamans. Mais plutôt des questions de confort : une petite incision dans les poils du pubis, pas de douleurs grâce à la péridurale, des accouchements parfaitement programmables qui s’adaptent idéalement aux emplois du temps surchargés des femmes actives… et de leurs gynécologues. Seul hic : l’incidence de la
césarienne sur la santé des enfants mis au monde de cette manière.
L’entrée dans le monde des bactéries
Lorsque le bébé sort du corps maternel, son tube digestif et ses muqueuses sont stériles. Quelques heures plus tard, il aura des milliards de germes dans le nez, la bouche et les intestins. D’un point de vue bactériologique, le nouveau-né doit être en contact immédiatement avec sa mère et seulement avec elle. Grâce aux anticorps maternels qui lui ont été transférés via le placenta, certains microbes sont déjà familiers et amicaux, tandis que d’autres sont étrangers et potentiellement dangereux.
Or, le mammifère humain a été programmé pour venir au monde par un orifice situé à proximité de l’anus maternel afin qu’il soit contaminé par une grande variété de germes amicaux portés par sa mère. En cas de césarienne, le bébé naît dans l’environnement stérile d’une salle d’opération. Et les premiers microbes qu’il rencontre sont ceux qui se trouvent dans l’air d’un centre hospitalier.
La césarienne compromet l’allaitement
De plus, l’accouchement par césa-rienne va compromettre l’allaitement. Pour commencer, la mère ayant subi une césarienne ne pourra pas allaiter avant plusieurs jours et ne pourra donc pas donner le meilleur de son lait : le
colostrum, riche en anticorps spécifiques et autres substances anti-infectieuses. Surtout les scientifiques pensent que les contractions de l’utérus pendant un accouchement par voie vaginale conduisent à la libération de l’hormone – ocytocine – nécessaire à l’initiation de la lactation. Ils ont également mis en évidence qu’une césa-rienne influence la durée de l’allaitement car la quantité d’endorphines dans le lait est plus élevée chez les mères ayant accouché dans des conditions physiologiques. Or, ce sont ces endorphines qui induisent une dépendance du bébé au sein et au lait maternel. Plus cette dépendance est forte et plus longue sera la durée de l’allaitement.
Un système immunitaire durablement affaibli
Pour toutes ces raisons, la flore intestinale d’un bébé né par césarienne est différente de ce qu’elle serait après une naissance dans des conditions physiologiques. Rappelons que la flore constitue une barrière contre les bactéries pathogènes. Elle est également essentielle dans la synthèse des vitamines, la neutralisation de substances toxiques, et le développement et la maturation du système immunitaire. De plus, une flore intestinale saine va rapidement orienter le système immunitaire vers la bonne direction. Si cette déviation ne se fait pas, le risque d’allergies augmente. Les médecins ont ainsi observé que l’influence du mode de naissance sur la réponse immunitaire est encore décelable à l’âge de six mois.
Des êtres humains différents ?
Les scientifiques ont accumulé des données qui ne laissent aucune place au doute : un bébé né par césarienne est physiologiquement différent d’un bébé né par voie vaginale. Ses poumons, son cœur, fonctionnent différemment. Sa température et son taux de glucose sont plus bas. Ses taux de progestérone et ceux de l’hormone qui régule la thyroïde aussi. Ses taux d’enzymes hépatiques sont différents. Son acidité gastrique est plus faible. Et enfin, les systèmes qui contrôlent sa pression artérielle sont différents.
Malheureusement, rares sont les médecins, les gynécologues ou les obstétriciens osant dire ces vérités aux futures mamans qui ne peuvent ainsi mesurer le prix douloureux de leur confort.
Pour en savoir plus:
« Césariennes : questions, effets, enjeux. Alerte face à la banalisation », du Dr Michel Odent, éditions Le Souffle d’or, 16,50€.
Chirurgien-obstétricien, expert auprès de l’OMS et fondateur du Primal Health Research Center, le docteur Michel Odent a lancé le concept d’accouchement en salle de naissance « comme à la maison », ainsi que les piscines d’accouchement. Il a dirigé la maternité de Pithiviers et il est mondialement reconnu pour sa rigueur scientifique.
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