Même la Haute Autorité de santé le reconnaît : le système médical pousse aujourd’hui les personnes âgées à consommer beaucoup trop de médicaments psychotropes.
On sait depuis longtemps qu’en France, nous sommes les rois de la prescription de psychotropes (somnifères, hypnotiques, tranquillisants, anxiolytiques, antidépresseurs et neuroleptiques) : la part de la population ayant pris un psychotrope au cours des douze derniers mois est, chez nous, deux fois supérieure à la moyenne des pays européens limitrophes de la France. Mais on sait moins que ce sont les personnes âgées qui sont les plus exposées à cette drogue légale qu’on leur prescrit apparemment à tour de bras et souvent de manière abusive.
La HAS explique : « Une personne sur deux de plus de 70 ans fait usage de psychotropes en France. Deux millions des dix millions de personnes âgées consomment de façon chronique des hypnotiques ou des anxiolytiques, tandis que la balance bénéfice/risque leur est clairement défavorable, qu’il s’agisse des troubles du sommeil ou des troubles anxieux. » Et ce sont les femmes qui sont les plus exposées à ce phénomène : « Les femmes consomment deux fois plus de psychotropes que les hommes. »
La Haute Autorité pointe du doigt les prescriptions abusives les plus fréquentes : « Il existe une surprescription délétère de neuroleptiques dans les troubles du comportement dits “productifs”, fréquents chez les patients atteints de maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée. »
Elle constate également « une surprescription et une consommation prolongée des benzodiazépines (médicaments anxiolytiques et hypnotiques) dans les troubles du sommeil et de l’anxiété, alors que les risques liés à ces médicaments sont supérieurs aux bénéfices ».
Les psychotropes sont ainsi à l’origine d’effets secondaires qui vont de l’accoutumance à l’abrutissement ou la confusion permanente en passant, bien entendu, par les chutes et fractures dont les conséquences peuvent être graves lorsqu’il s’agit de personnes âgées. Tous ces troubles sont en grande partie évitable car, dit la HAS « plus de la moitié des traitements ne serait pas indiquée ».
Rappelons que les médicaments psychotropes n’ont pas de pouvoir curatif spécifique : ils n’agissent pas sur les causes des troubles psychiques, ils ne font que réduire l’importance des symptômes pendant la durée du traitement. De plus, ces effets peuvent s’épuiser ou être contraires aux effets attendus.
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