Toutes les traditions du monde ont des techniques corporelles qui utilisent la main et le massage pour soigner, soulager, reposer ou détendre. Il n’en est pas autrement au Japon d’où nous vient le shiatsu.
Au Japon, les traces les plus anciennes de thérapies manuelles remontent au VIe siècle avec l’apport, sous le nom de kampô, des techniques fondamentales de la médecine énergétique traditionnelle chinoise. C’est cette dimension du kampô qui prit le nom d’anma ou amma, terminologie que l’on voit apparaître vers 700 et qui fut utilisée ensuite tout au long de l’histoire du Japon. C’était une technique thérapeutique complète, comprenant diagnostic et traitement, souvent pratiquée par des aveugles dont la qualité de toucher était très appréciée.
La paternité du terme shiatsu n’est pas totalement claire même si, la plupart du temps, elle est attribuée à Tokujiro Namikoshi (1905-1999). Il existe pourtant des écrits sur le traitement shiatsu et notamment sur le shiatsu ampuku (du ventre) plus ancien. Après la Seconde Guerre mondiale, le shiatsu a été reconnu par le ministère de la Santé japonais qui en a donné une définition officielle en 1955 : « Le shiatsu est une forme de manipulation qui utilise les pouces et les paumes des mains, sans aucun instrument mécanique ou autre, qui applique une pression sur la peau humaine pour corriger le mauvais fonctionnement interne, favoriser et maintenir la santé et traiter les maladies spécifiques. » Aujourd’hui, le shiatsu est considéré comme la deuxième médecine officielle.
Repérer les déséquilibres
Adossé à la médecine traditionnelle chinoise et à sa théorie des méridiens énergétiques, la préoccupation essentielle du shiatsu est de rétablir la libre circulation des flux vitaux dans ces canaux particuliers. Les pressions des doigts exercées par le praticien se font sur les trajets des méridiens ou sur des points d’acupuncture précis. Elles permettent de restaurer l’équilibre entre des zones corporelles dites « en plénitude d’énergie » et d’autres zones dites « en vide d’énergie ». Pour ce faire, le praticien doit utiliser un certain nombre de techniques de repérage des déséquilibres, le bo-shin ou diagnostic général par l’observation, le bu-shin ou diagnostic par le son, le mon-shin ou diagnostic par les questions, le setsu-shin ou diagnostic par le toucher (dont la prise des douze pouls énergétiques).
Du fait de ses dimensions à la fois ostéoarticulaire et énergétique, le shiatsu est bien plus qu’un simple massage. Il permet d’agir avec efficacité sur tous les maux actuels comme le mal de dos, les douleurs articulaires mais aussi les troubles du sommeil, du stress, de l’appétit, etc. C’est une technique parfaitement contemporaine qui en fait une médecine douce extrêmement pertinente et qui peut être utilisée en complément de toute autre médecine. Dans l’un de ses ouvrages, Shizuto Masunaga va plus loin en associant également la dimension psychologique, fondamentale de son point de vue. Par cette forme de diagnostic nous ne recherchons pas une maladie particulière mais nous essayons de comprendre le patient dans sa globalité.
Double dimension
Le shiatsu s’inscrit dans une conception de vie globale dans laquelle la perte de l’état de santé est toujours présentée comme l’aboutissement de comportements inadéquats que ce soit sur le plan physique ou psychique. En cela, le praticien shiatsu se doit d’être un praticien complet dont les capacités et les connaissances ne se résument pas à la pure technique. Sa qualité d’être est essentielle et chaque séance comporte une phase d’entretien avec le patient, tant en ce qui concerne la recherche des informations qu’en ce qui concerne les conseils comportementaux (modes de vie, alimentation, sommeil, stress, émotions, etc.). La qualité de son geste dépend intimement de celle de sa présence, tant physique que mentale. C’est en cela que l’on reconnaît le véritable praticien.
Évacuer toutes les tensions
En dehors de l’aspect philosophique, qui est en général le trait qui distingue les écoles et leur enseignement, la technique pure du shiatsu consiste dans le fait d’exercer des pressions sur des points particuliers du corps appelés tsubos. Étymologiquement, shiatsu signifie pression (atsu) des doigts (shi). Ces pressions se font donc traditionnellement avec les doigts (pouces, index, etc.) tendus ou parfois repliés, le plat de la main et éventuellement l’attache des poignets. Elles sont habituellement droites et progressives mais peuvent, dans certaines techniques être vibrées, martelées ou circulaires. D’autres techniques enfin, plus intrusives, utilisent également les coudes, les poings, les genoux, voire les pieds en marchant sur la personne. Le but généralement recherché est de permettre au corps de se relâcher, d’évacuer des tensions corporelles, organiques, articulaires ou énergétiques et rétablir la libre circulation de l’énergie. Ces tensions emmagasinées ayant été à la base du malaise ressenti ou de la maladie, leur évacuation permet au patient de retrouver l’état d’équilibre, de bien-être et de bon fonctionnement corporel que l’on peut qualifier d’« état de santé ».
Carnet d'adresses :
La Vie Naturelle
- À lire
« L’harmonie des énergies », de Michel Odoul. Éd. Albin Michel.
« Shiatsu et réflexologie pour les nuls », de Michel Odoul. Éd. First.
- Trouver un praticien
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