Nous vivons beaucoup plus longtemps de nos jours, mais vivons-nous bien ? Si notre programme génétique est théoriquement conçu pour nous emmener jusqu’à 120 ou 140 ans, et que tous les efforts de la médecine vont en ce sens, il est vraiment nécessaire de se préoccuper au plus tôt de sa vieillesse pour qu’elle ne devienne pas un sujet de préoccupation, voire un calvaire.
En matière de vieillissement, les choses commencent à se gâter dès la fin de la croissance, vers 18 ou 20 ans lit-on dans les livres. Vers 40 ans, les premiers signes de l’âge se font sentir : perte de la vision, récupération difficile, sommeil perturbé, rides creusées… Et si rien n’est fait, la retraite se passe à subir les maux de son corps plutôt qu’à vivre pleinement le moment présent. Puisque notre espérance de vie nous dit que nous vivrons plus que centenaire, autant que ce soit dans les meilleures conditions possibles. Essayons donc de retourner l’adage « si jeunesse savait, si vieillesse pouvait » pour le transformer en « jeunesse sait et vieillesse peut ».
On peut en effet, à tout âge, ralentir les signes du temps et atténuer des faiblesses déjà marquées avec l’aide de la phytothérapie. Car, outre son efficacité avérée, elle est bien mieux tolérée que les médicaments habituellement prescrits : hormones, corticoïdes, anti-inflammatoires, antidépresseurs, pilules et injections miracles (DHEA, botox). Si ces médicaments peuvent être efficaces ponctuellement, à long terme ils finissent par fatiguer les organes et produisent l’effet inverse : ils favorisent le vieillissement. En s’attachant, au contraire, à combattre ou à soutenir quelques mécanismes propres au vieillissement, la phytothérapie que j’emploie, si elle ne répond pas avec la même urgence au vieillissement, donne, à terme, des résultats qui permettent d’aborder sereinement le troisième âge, voire de vivre pleinement… une seconde jeunesse.
Les radicaux libres : la clé du vieillissement
Le principal processus responsable du vieillissement est l’oxydation des cellules par les radicaux libres. Le mécanisme naturel est simple : il y a oxydation quand un atome perd un électron. La conséquence est grave car l’atome va voler ce qui lui manque chez un autre atome, déclenchant ainsi une réaction en chaîne. Les atomes instables sont appelés des « radicaux libres ». L’organisme en produit de façon continue pour se défendre.
C’est l’un des paradoxes de la vie. Il faut respirer pour vivre, mais l’oxygène absorbé est en partie responsable de l’oxydation des cellules et donc de leur détérioration et de leur mort. Avec la vieillesse ou la maladie, l’équilibre peut être rompu et on peut alors observer une augmentation de la production et de l’activité des radicaux libres.
D’autres facteurs participent à la production de radicaux libres : l’alimentation, les polluants, les radiations (lumineuses ou nucléaires), le mode de vie. Ce sont ces paramètres qui accélèrent le vieillissement physiologique et qui font passer d’un état normal à un état pathologique.
Une des clés du ralentissement du vieillissement est donc l’emploi d’antioxydants.
Les antioxydants
Les antioxydants agissent comme des leurres. Ils se substituent aux cellules et aux acides gras qui sont normalement oxydés par les radicaux libres et sont dégradés à leur place. En court-circuitant le processus, les antioxydants ralentissent concrètement le processus de vieillissement. L’effet bénéfique des antioxydants concerne aussi bien le vieillissement cutané que les maladies cardio-vasculaires, les troubles cérébraux et certaines maladies dégénératives telles que les cancers ou les dégénérescences oculaires.
Les sources d’antioxydants sont, pour une part, les fruits et légumes, riches en vitamines A, C et E. D’autres substances fournies par une alimentation équilibrée jouent ce rôle : les oligo-proanthocyanides (OPC) présents dans les pépins de raisin, les lycopènes de la tomate, les anthocyanides des baies de myrtille, les flavonoïdes du thé, noir, vert ou… rouge.
En complément quotidien, quelques plantes exceptionnellement riches en antioxydants peuvent pallier une alimentation momentanément carencée ou faire office de cure de ralentissement anti-âge.
- Le rooibos tea (Aspalathus linearis)
On nous vante continuellement les vertus diurétiques et antioxydantes du thé vert, doublées d’un effet préventif sur certains cancers. Mais saviez-vous qu’il existe une autre plante, originaire d’Afrique du Sud, qui dispose de vertus antioxydantes similaires ?
On doit l’usage de cette plante aux Bushmen qui ont pour habitude de la faire fermenter pour lui donner sa couleur rouge. Bien que le rooibos contienne une proportion plus faible d’antioxydants que le thé (60 à 80 mg contre 130 à 200 pour le thé traditionnel), il en contient en revanche une plus grande diversité. Onze polyphénols ont été dénombrés, dont certains que l’on trouve fréquemment dans les fruits et les légumes. Ce sont ces mêmes polyphénols dont on a montré l’intérêt dans la prévention du cancer du côlon et du pancréas. Son emploi est similaire et aussi simple que celui du thé vert : une cuillerée à café pour une bonne tasse, à boire sans modération !
- La mélatonine
Cette substance a été découverte il y a déjà plus de cent ans, mais c’est dans les années soixante-dix qu’on a mis au jour son pouvoir antioxydatif, dix fois supérieur à celui de la vitamine E. Malheureusement, en France, la mélatonine est toujours interdite de commercialisation. Il existe cependant trois façons d’augmenter naturellement le taux de mélatonine dans notre corps :
- La première est de consommer beaucoup de fruits et de légumes (par exemple la banane).
- La seconde est de rechercher la lumière en journée et de s’en protéger la nuit.
- On peut enfin améliorer cette fonction sécrétoire en utilisant des plantes riches en 5-HTP (en particulier le Griffonia simplicifolia), une molécule que notre corps transformera au fur et à mesure de ses besoins en sérotonine. Or la sérotonine est à son tour le précurseur de la mélatonine…
Cet anti-radicalaire très puissant est 500 fois supérieur à la vitamine E et 10 fois plus actif que le bêta-carotène (provitamine A). Il tire sa puissance unique d’une micro-algue, l’hæmatococcus pluvialis, qui la fabrique pour s’adapter et survivre face aux rayons solaires. L’astaxantine neutralise les radicaux libres engendrés par les rayons ultra-violets, concourant ainsi à freiner l’apparition du vieillissement cutané et des rides.
À prendre à raison d’une capsule par jour en cures de 10 à 30 jours, que l’on peut renouveler aussi souvent qu’on le souhaite.
- La sphère rénale : l’organe de la jeunesse
S’il y a bien un grand système physiologique à entretenir et à surveiller pour ralentir les effets du vieillissement, c’est celui de la sphère rénale. Reins et surrénales jouent un rôle majeur à tous les âges de la vie et particulièrement chez le sujet âgé.
Avec les années qui passent, les reins distillent moins, et moins bien, les liquides du corps. La régulation hydrique se fait mal, la peau se dessèche et tous les organes pâtissent de cette carence en élément liquide pourtant indispensable à tout l’organisme. Les graisses s’accumulent, la circulation sanguine est de moins bonne qualité. Le sel n’est plus évacué comme il faudrait.
En revanche, on constate une surévacuation de vitamine D – dont je mesure régulièrement les effets chez les personnes qui me consultent notamment avec des manifestations d’ostéoporose débutante. Le rôle anti-âge des surrénales est surtout lié à leur capacité à aider l’organisme à gérer les situations de stress. Le stress, ou plutôt les stress, sont des facteurs majeurs de vieillissement interne. Rien ne sert d’avoir une peau de « jeunette » si la machine ne suit plus. Les hormones sécrétées par les surrénales, qui doivent nous protéger dans les situations stressantes, tendent à diminuer avec l’âge et le stress. Le cortisol ou les corticosurrénales se raréfiant, c’est tout l’organisme qui en prend un coup.
Si les plantes adaptogènes peuvent convenir aux actifs stressés, elles sont aussi d’un précieux secours en agissant sur la sphère rénale pour ralentir le vieillissement interne.
- L’éleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus)
Cette plante exerce une action régulatrice non spécifique sur de nombreux organes (reins, cœur, foie) ou fonctions physiologiques (circulation sanguine, sphère rénale). L’éleuthérocoque renferme des éleuthérosides, substances aux propriétés similaires à celles des ginsénosides, présents dans le ginseng. C’est un tonique qui peut revigorer et fortifier l’organisme en cas de fatigue ponctuelle et de faiblesse latente, lorsque la capacité de travail ou de concentration est amoindrie ou au cours d’une convalescence. Mais surtout, il agit comme stimulant des surrénales pour les aider à maintenir leur rôle.
Dans ce cas, on l’utilisera à des doses modérées, à raison d’une ou deux gélules le matin sur une période de trois semaines par mois. Cette plante peut s’utiliser en alternance, chaque mois, avec la schizandra.
- La schizandra (Schizandra chinensis)
Traditionnellement, les baies de cette plante chinoise étaient utilisées pour soulager l’asthme, la toux, les troubles respiratoires ainsi que les troubles liés à une déficience rénale. Les chasseurs et les athlètes en prenaient pour augmenter leur endurance. Outre ses propriétés anti-radicalaires, elle redonne de l’énergie et de la vitalité.
À prendre à raison de deux à quatre gélules tous les matins pendant 7 à 10 jours chaque mois. On peut l’utiliser ponctuellement pour ses propriétés protectrices du foie et anti-sommeil, mais une cure renouvelée chaque mois sera un bon tonique pour rendre plus disponible cette « énergie ancestrale ».
- L’ashwaganda (Withania somnifera)
On utilise la racine de cette plante de la même famille que la tomate, qui pousse en Inde et en Afrique du Sud. Ses propriétés sont telles qu’on l’a surnommée le « ginseng indien ». La withania favorise l’activité nerveuse et la tonicité générale. On peut donc l’utiliser comme tonique à l’instar du ginseng. À la différence que cette plante est capable de favoriser d’abord la récupération et le sommeil chez une personne qui en a besoin. Il faudra donc commencer une cure à hauteur d’une gélule chaque matin et changer cette prise matinale au profit de l’après-midi ou de la fin de journée si le sommeil ou une fatigue se fait sentir dans les heures qui suivent la prise. Après cette période de « récupération », l’effet tonique n’en sera que meilleur.
Une cure d’ashwaganda est à limiter à 7 ou 10 jours, mais on peut très volontiers la renouveler après une pause d’une période similaire.
- Le ginseng (Panax ginseng)
Il n’est plus nécessaire de présenter cette plante. Cependant, on croit à tort que le ginseng commercial vient exclusivement de Chine. Or, si l’Asie en est effectivement le premier producteur, l’Amérique avec son ginseng canadien (Panax quinquefolius) rivalise d’un produit très efficace. Ce sont essentiellement les ginsénosides, des saponines très particulières, qui expliquent les vertus multiples de cette plante. Et sa réputation vient justement d’un effet premier sur la fonction rénale, et en conséquence d’un effet équilibrant sur l’organisme tout entier.
Dépourvu de toxicité à des doses modérées, on peut sans crainte prendre deux ou trois gélules de ginseng, blanc ou rouge, chaque matin sur une période de 20 jours par mois.
- On a l’âge de ses artères
Le premier grand système organique, et le plus fondamental, à souffrir des effets du vieillissement est le système cardio-vasculaire. Les maladies cardio-vasculaires sont la première cause de décès par maladie dans les pays industrialisés. Problèmes de tension sanguine, de durcissement des artères, mauvaise fluidité du sang : les conséquences atteignent souvent des organes secondaires et réduisent des fonctions vitales, altérant ainsi la qualité de vie. Parmi ces pathologies, la première grande cause de vieillissement cardio-vasculaire est l’athérosclérose. C’est une lente altération de la paroi artérielle qui peut débuter très tôt, chez certains enfants ou adolescents.
Elle s’aggrave avec l’âge et divers facteurs : tabac, alcool, hypertension, hypercholestérolémie, sédentarité, excès de poids… Cette affection est liée au dépôt, sur la paroi des artères, de « plaques d’athérome », un mélange de graisses (principalement du cholestérol), de cellules et de fibres qui rétrécit le diamètre intérieur des artères. Cela peut conduire à l’obstruction, par un caillot, d’une artère qui irrigue le cœur ou le cerveau : c’est l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral.
La prévention consiste évidemment à lutter contre les facteurs de risque. Mais par ailleurs, cette maladie chronique n’est pas, comme on le pensait, irréversible. Bien au contraire : on peut rendre les plaques d’athérome moins dangereuses, en modifiant leur composition par un apport d’acides gras oméga 3 et en relançant le système circulatoire, empêchant ainsi les plaques de se former. En assouplissant les parois internes des artères et des veines, on peut diminuer les effets d’une mauvaise circulation de l’oxygène et limiter les fatigues et l’essoufflement lié à l’effort.
- La bourrache (Borago officinalis)
Extraite des petites graines de la bourrache, l’huile de bourrache, si utile pour la régénération capillaire, est richesse en acides gras essentiels (AGE), notamment en acide gamma-linolénique et en acide linoléique. Elle favorise une régénération ou une reconstruction des parois cellulaires et augmente de ce fait la régénération de la peau, des muqueuses, des phanères. Ces AGE se doublent de propriétés antioxydantes remarquables. Trois capsules (dosées à 500 mg) chaque matin ou chaque midi en début de repas, en feront un bon outil anti-vieillissement, dont les premiers effets se remarqueront à l’aspect de la peau (souplesse, teint, texture), des phanères (éclat et vitalité des cheveux), et du système circulatoire qui bénéficiera d’un effet régénérant sur les tuniques internes des vaisseaux capillaires et des veines, de vraies peaux intérieures dans notre corps, tout comme les parois des cavités naturelles (bouche, nez, oreille, tube digestif…).
- La vigne rouge (Vitis vinifera)
C’est la plante par excellence des problèmes circulatoires (jambes lourdes, varices, hémorroïdes ou encore troubles circulatoires liés à la ménopause). La feuille renferme des anthocyanosides, lui donnant à l’automne sa couleur rouge sang si caractéristique. Ces anthocyanosides ont une remarquable activité vitaminique P, diminuant la perméabilité des capillaires et augmentant leur résistance. Ils évitent ainsi la stase veineuse. Cette action angioprotectrice est augmentée par la présence de tanins, astringents et vasoconstricteurs, qui favorisent le retour veineux.
La vigne rouge s’utilise soit en infusion (une cuillerée à café de feuille sèche pour une bonne
tasse, infusée 10 minutes), soit sous forme de gélules. Dans le second cas, prendre en journée deux à quatre gélules sans limitation de durée particulière.
- Le ginkgo (Ginkgo biloba)
On récolte la feuille de cet arbre magnifique, riche en flavonoïdes, que l’on cultive à grande échelle à l’heure actuelle. Le ginkgo améliore la circulation capillaire, particulièrement sur la partie supérieure du corps, notamment le cerveau. Ses principes actifs se doublent aussi de vertus antioxydantes qui justifient son double emploi chez la personne âgée ou présentant un vieillissement de son système circulatoire. On pense que le ginkgo pourrait agir sur les mitochondries en les protégeant du stress oxydatif.
Je recommande la prise de deux à trois gélules réparties dans la journée sans limitation de durée.
Si on peut estimer qu’une bonne hygiène de vie, une alimentation saine et une moindre exposition aux polluants sont déjà nécessaires pour assurer une bonne qualité de vie, on ne devrait pas se priver de l’aide exceptionnelle que renferment les plantes. À l’inverse d’un traitement classique, la phytothérapie ne répond pas à des symptômes mais plus à des fonctions. Ce serait un grand pas pour la médecine si elle adoptait enfin ce point de vue.
Par ailleurs, je sais par expérience que des seniors en parfaite santé passent leur temps à se plaindre et perdent ainsi le bénéfice d’un état que beaucoup leur envient. J’en connais d’autres en revanche qui, même tributaires de ce qu’on appelle une « petite santé », ont fait leur cet autre adage : « Il faut donner de la vie aux années plutôt que des années à la vie ».
Et croyez-moi, ça fait toute la différence !
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