Vous avez dit anodin ?

Docteur, vous avez quelque chose pour mon mal de tête ? Oui prenez ça, c’est en vente libre, ça vous calmera et c’est anodin ! Mais que signifie le terme « anodin », au juste ? Autrefois la médecine l’employait pour définir un traitement qui calme les douleurs : l’opium, la ciguë, le laudanum étaient considérés comme des anodins. On est loin du langage populaire actuel. Quand on entend « anodin » aujourd’hui, on pense tout de suite qu’« on ne risque rien ». Prenez l’exemple de l’acétaminophène, la molécule du paracétamol, du Doliprane ou de l’Ibuprofène, des antalgiques en vente libre. Croyez-vous qu’elle soit anodine ? Une récente étude publiée en juillet aux États-Unis démontre que près de la moitié des cas d’hépatites induisant une insuffisance hépatique était liée à cette molécule. Toujours en juillet, d’autres recherches ont révélé le risque d’insuffisance aiguë des reins, et une étude finlandaise portant sur 78 615 patients affirme que cette molécule augmente les risques de métastases d’un cancer prostatique débutant. Même à petite dose, les risques sont majeurs.
 
Alors, faut-il tolérer que ces « anodins » soient en vente libre (et bientôt en grandes surfaces) ? Il en est de même de ce « pschitt » que vous vous mettez dans le nez quand il coule, qui peut à la longue vous atrophier la muqueuse nasale, vous rendre anosmique ou pire, provoquer un AVC. Mais que devons-nous faire de ces médicaments toxiques pour le foie, le cœur et les reins ? Ils sont déversés chaque jour en énorme quantité dans nos eaux usées, et ils sont bien sûr non-biodégradables. Pire, on les retrouve en telle proportion dans la chaîne alimentaire qu’on peut se demander comment les gens ont encore mal à la tête… La vraie bonne question à se poser étant : pourquoi souffre-t-on tous, à des degrés différents, du foie ?
 
Quand vous avez mal quelque part, ne vaut-il pas mieux chercher la cause plutôt que de se jeter sur le premier antalgique venu, au risque de créer une dépendance et d’entraîner des effets secondaires graves, voire mortels ? Bien entendu, il faut calmer la douleur, c’est impératif. Mais n’y a-t-il pas d’autres moyens qui, tout en traitant la cause, en supprimeraient les effets ? La douleur est une sonnette d’alarme nécessaire. Que vaut-il mieux ? La mettre en sourdine ou cesser de déclencher la sonnerie en traitant à la racine le mal qui la déclenche ?
 
Sachez que certaines plantes sont très efficaces pour traiter à la fois la cause et la douleur, que ce soient l’harpagophytum pour l’arthrose, la camomille pour les problèmes ORL ou digestifs, le lavandin, dont l’essence est un puissant décontracturant musculaire, l’HE de girofle, de menthe poivrée ou de lavande vraie pour les douleurs dentaires, Ledum palustre contre les coups, Inula helenium contre les règles douloureuses, le curcuma pour la vésicule biliaire… Souhaitons que ces anodins-là remplacent, dans l’avenir, des molécules toxiques qui caracolent en tête des ventes sur les étalages. D’après le ministère de la Santé, elles représentent en effet près de 10 % du chiffre d’affaires des pharmacies…

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