• Sommeil attention fragile !

Sommeil attention fragile !

Difficultés à s’endormir, réveil au milieu de la nuit, fatigue au lever... Un Français sur cinq souffre de troubles du sommeil, dont la moitié de façon sévère. Le problème est devenu un enjeu de santé publique car de nombreuses pathologies en découlent (migraines, troubles digestifs, hypertension artérielle, etc.). La solution des somnifères, pourtant largement préconisée par le corps médical, ne résout rien. Pourquoi ? Parce que le sommeil est un processus complexe qui, pour bien fonctionner, implique de nombreux paramètres, à la fois physiologiques et psychologiques.  


Le sommeil et son rythme se mettent en place dès la naissance. Notre cerveau commence à s’adapter, dès les premiers jours, à l’alternance d’ombre et de lumière. Il lui faudra quelques mois pour se caler définitivement sur ce cycle du jour et de la nuit. Il va employer pour cela trois outils : la sérotonine, la mélatonine, et l’acide gamma amino-butyrique, des neurotransmetteurs.

La régulation du sommeil grâce aux neurotransmetteurs

  • La sérotonine.

Pendant les premiers mois de la vie aérienne, le système sérotoninergique, destiné à mesurer au mieux la valeur des événements vécus, se met en place. La sérotonine est en quelque sorte l’hormone qui rend zen. Elle intervient dans la régulation de l’humeur, de la température, de l’appétit mais aussi du sommeil. Toute situation de stress intense ou/et prolongé affecte sérieusement sa production et engendre un état d’irritabilité puis de dépression anxieuse. Qu’on en manque et tout prend une taille démesurée et amène à adopter des comportements excessifs du fait de la difficulté à contrôler ses émotions. Pour que la sérotonine soit efficace, il faut en premier lieu qu’elle soit synthétisée en quantité suffisante par le cerveau. Pour cela, il est nécessaire que l’organisme dispose d’un acide aminé, le tryptophane, qui est le précurseur de la sérotonine. Il faut aussi qu’elle traverse la barrière hémato-méningée. Le passage du filtre méningé, est notamment facilité lorsque la sécrétion d’insuline est elle-même augmentée par l’ingestion de glucides, notamment lents. À l’opposé, il est sensiblement freiné en cas de stress sous l’action du cortisol dont la sécrétion est alors exagérée. Lorsque la sérotonine est libérée dans la fente synaptique (espace qui sépare deux neurones et par lequel passe l’influx nerveux), elle est rapidement recaptée dans des petites vésicules par le neurone qui l’a sécrétée, et ce jusqu’au prochain stimulus.

  • La mélatonine.

La mélatonine est synthétisée à partir de la sérotonine. La transformation qui a lieu dans la glande pinéale (ou épiphyse) est induite par la tombée de la nuit. Elle atteint son maximum vers le milieu de la nuit puis s’abaisse au cours de la journée. Avec l’âge, sa sécrétion diminue, parfois de façon dramatique, condamnant alors l’individu à des nuits d’insomnie.

  • L’acide gamma amino-butyrique (GABA).

Enfin, le sommeil est induit par la libération intensive de GABA par le thalamus. C’est lui qui désactive le système d’éveil et de vigilance. La mélatonine peut alors entrer en action.

Être en phase avec son sommeil

Notre sommeil ne se déroule pas de façon linéaire. Il comporte entre quatre et cinq cycles durant chacun entre 90 et 120 minutes. Chaque cycle comprend :

L’endormissement

La phase d’endormissement est comprise entre 5 et 10 minutes, soit entre 5 % et 10 % du temps de sommeil total. La conscience vogue entre deux eaux, encore sensible aux influences extérieures. Les rythmes cardiaque et respiratoire ralentissent, la tension artérielle baisse. À l’électroencéphalogramme, on observe un ralentissement de l’activité cérébrale sous forme d’ondes alpha (8 à 12 Hz). Cette phase tend à s’allonger avec l’âge, surtout après 60 ans.

Le sommeil lent léger

Il représente à lui seul près de la moitié du temps de sommeil total. La sensibilité aux stimuli extérieurs est considérablement amoindrie. Les mouvements oculaires disparaissent, le corps connaît des alternances de tensions et de détentes. L’électroencéphalogramme enregistre des ondes thêta (3 à 7 Hz) dont le voltage augmente. L’hippocampe, connu pour son implication dans la mémorisation, est alors particulièrement actif.

Le sommeil profond et très profond

Au cours de cette phase, les ondes cérébrales et les rythmes cardiaque et respiratoire ralentissent encore. L’insensibilité au monde extérieur atteint son maximum (c’est à ce moment que surviennent les épisodes d’énurésie, de somnambulisme ou de terreurs nocturnes). La plus grande partie du sommeil lent et profond a lieu en première partie de nuit, de toute façon avant 3 heures du matin. Bien que l’activité cérébrale soit réduite, le tonus musculaire est conservé. C’est pendant ces heures-là que l’organisme se régénère. Ces phases, qui occupent 25 % du temps de sommeil des jeunes adultes, se raccourcissent au fil des ans pour ne représenter qu’entre 5 et 10 % après 60 ans.

Le sommeil paradoxal

Il est marqué par les mouvements rapides des globes oculaires, l’accélération irrégu- lière des rythmes cardiaque et respiratoire, l’élévation de la tension artérielle en lien étroit avec la production onirique. L’activité cérébrale est à son comble tandis que le tonus musculaire est minimal. C’est pendant cette période que s’effectuent les processus de nettoyage émotionnel et de mémorisation. Son importance varie au cours de la nuit : limitée à un quart d’heure lors du premier cycle, elle atteint près d’une heure lors du dernier cycle.

Le réveil

Il intervient habituellement à la suite directe d’une phase de sommeil paradoxal. C’est pourquoi, si on prend garde de rester le plus longtemps immobile physiquement et intellectuellement pendant les premières minutes de veille, il est facile de se souvenir de son dernier rêve.

À quoi sert le sommeil ?

  • Il relativise la valeur des événements et en diminue la charge émotionnelle (les aires qui contrôlent les émotions pendant la veille sont en grande partie inactivées, un véritable travail de discernement est enfin possible). Il n’engramme dans la mémoire à long terme que les informations qu’il juge utiles.
  • Il renforce le processus de mémorisation. L’hippocampe, région qui emmagasine les souvenirs, montre alors une hyperactivité : il est possible qu’il se réapproprie les informations accumulées dans les heures précédant le coucher et les engramme plus profondément.
  • Il trouve des solutions originales aux problèmes et développe la créativité. Certains enseignants des sciences spirituelles affirment que le sommeil est la façon la plus facile d’entrer en contact avec son intuition.
  • Il permet la détente du système neuromusculaire et le retour à un tonus normal.
  • Il restaure les connexions interneuronales altérées par les différents stress de la journée et en crée de nouvelles.
  • Il renforce les défenses immunitaires.
  • Il permet la sécrétion de nombreuses hormones. Ainsi, l’hormone de croissance est secrétée intensément pendant le sommeil profond des premières heures de la nuit.
  • Il favorise la synthèse des protéines et la régénération du stock hépatique en glycogène (source de glucose).
  • Il participe activement à la croissance de l’organisme et à la régénération des tissus : le sommeil lent augmente particulièrement au cours de la croissance, de la grossesse comme à la suite d’efforts intenses, d’un accident ou à l’occasion d’une maladie.

Une bonne nuit de sommeil est donc indispensable à notre santé et lorsque ce n’est pas le cas, ce sont de nombreuses fonctions vitales qui se mettent à moins bien fonctionner. Avec des conséquences parfois graves.

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